par angèle casanova

Ronde de nuit, par Myriam OH

vendredi 5 septembre 2014

j’ai dans le ventre un Lion qui n’en peut plus de compter les moutons pour s’endormir enfin
j’ai dans le cœur un Lion qui n’en veut plus de vos rêves à ronger en attendant mieux
prends ma main suis les chemins de mes caprices embarque pour ma ronde de nuit
prends ma main le ciel et Dieu te le rendront demain, même si ça vaut presque rien
j’ai dans le ventre un Lion qui n’y croit plus - les poules n’auront jamais de dents et tant pis ; dans le cœur un Lion qui ne ploie même plus sous leur bec bien trop mou - qui de l’œuf ou de la poule pour tout te dire il s’en fout bien, trois petits tours et puis s’en bat cocorico
prends les cailloux que j’ai semés suis les artères qu’aucun flâneur n’a jamais gonflés
prends les cailloux qu’aucun plagiaire n’a jamais sucé - vade retro vilain petit Poucet !
j’ai dans le ventre un Lion à la crinière mal peignée dans le cœur un Lion qui soupire ronfle avec peine désespère de se montrer sous son meilleur jour surtout les soirs de pleine lune

j’ai dans le ventre un Lion qui n’en peut plus de ces canines qui n’en finissent pas de finir
j’ai dans le cœur un Lion qui n’en veut plus de ces tumultes qu’il dissimule dans son antre
lâche ma main dévale les falaises de leurs oraisons sur ces genoux qui ne te supportent plus
lâche ma main le grand Absent payera la facture des priorités à droite qu’on lui a refusées
j’ai dans le ventre un Lion qui préfère déployer ces ailes qui ne sont pas les siennes plutôt que de se faire ces bœufs ces œufs corrompus ; dans le cœur un Lion qui ne volera jamais plus loin qu’au bout de ce nez rouge qui le fait basculer à gauche à droite - patatras
jette tes cailloux la première pierre sur cette danseuse qui s’est pris les pieds dans le tapis
jette tes cailloux et tes prières dans le caniveau sur le parvis de l’Église - vive les mariés !
j’ai dans le ventre un Lion qui tourne dans sa cage et traîne derrière lui l’ombre de ses chaînes dans le cœur un Lion au ventre qui grogne à la tête terrible un Lion qui a faim

j’ai dans le ventre un Lion qui tire la langue montre les crocs dans la glace du grand magasin
j’ai dans le cœur un Lion qui bat la chamade à s’agiter parce que la coquille de l’œuf a cédé
mors ma main plante tes canines dans ma chair molle mes os de verre mes nerfs brouillés
mors ma main mange-la comme tu as faim mors ma main et garde mes lèvres pour demain
j’ai dans le ventre un Lion qui se noie dans tes bras et jette ses bouteilles dans l’océan de tes yeux qui ne voient pas ; dans le cœur un Lion qui ne sait pas nager alors se laisse porter par le flot de tes larmes qui ne le mènent jamais plus loin que sur cette plage où tu ne vis pas
suce mes cailloux jusqu’à la lie qu’importe le flacon pourvu que le mirage nous désaltère
suce mes cailloux comme tu as faim suce mes cailloux promis juré t’auras plus jamais froid
j’ai dans le ventre un Lion qui a la fièvre d’exister d’aimer dans le cœur un Lion qui n’en peut plus de ce drapeau blanc qui flotte dans son gosier et l’empêche de rugir comme il a mal

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