Douleur, par Danielle Masson
vendredi 5 décembre 2014
Ce mois-ci, partage de vases avec Angèle Casanova
« Il existe un pays où les gens ne parlent presque pas. C’est le pays de la grande fabrique de mots. »
- Philéas, Philéas !!!
- Qui me parle ?
- Moi. Regarde, là, sur ta droite.
- Qui es-tu ?
- Je suis Milàn…
- Milan, comme la ville italienne…
- Non, Milàn, l’attachant.
- Mais d’où sors-tu ?
- Je suis l’enfant de la guerre, l’enfant du silence.
- L’enfant du silence ?
- Je suis du même pays que toi. Oui, certains mots, je ne veux plus les entendre. Ils disent trop la douleur.
- La douleur ? On ne fabrique plus ce mot-là, dans mon pays.
- Philéas, emmène-moi dans ton pays de la grande fabrique de mots !
- Milàn, il est loin ce pays et je ne sais pas si tu auras assez de force pour l’atteindre.
- J’irai au bout du monde pour ne plus entendre le mot douleur. Dis, Philéas, je suis sûr que dans ton pays ce ne sont que les mots doux qui survivent. Philéas, s’il te plaît…
- Milàn, de quels mots as-tu envie ?
- Je ne veux que les mots du Bonheur. Philéas, s’il te plaît. T’plaît…
Messages
1. Douleur, par Danielle Masson, 5 décembre 2014, 22:14, par Dominique Hasselmann
Je crois me souvenir qu’il y a un roman de Roger Vailland ("Les Mauvais coups") où le personnage principal s’appelle Milan - c’est aussi un nom d’aigle.
’L’enfant de la guerre, l’enfant du silence"...