pas de chou blanc, un canard, des carpes, un ballon
vendredi 10 août 2012
Main dans la main, nous descendons l’escalier de pierre. En contrebas, bien dissimulée, la fontaine est là. Je soupire de soulagement. Elle n’est plus à sec. Le chou blanc de la dernière fois m’était resté en travers de la gorge.
Je le guide vers le flanc droit de la fontaine. Très peu de monde aujourd’hui. Deux trois habitués. Nous nous asseyons au plus près de la façade.
Il ne tient pas en place, se lève, empoigne la balustrade et se penche. Je le laisse faire.
Un canard. Il a vu un canard. Les fesses en l’air, le colvert secoue ses pattes, le cou plongé dans l’eau. De temps en temps, il se redresse un instant, puis recommence son manège. Le petit l’observe longuement.
Je lui montre les poissons. Discrets, ils frôlent la surface de l’eau qui glisse contre leur dos comme un drap sur la peau, la goûtent, la rident, et replongent. Parcours sinueux, ils ressurgissent ailleurs. Nous jouons à deviner où.
Au loin, tout est confus. Ombre portée des feuillages et taches de lumière, ou bien silhouette d’une carpe, nous hésitons.
Devant nous, le dernier degré de la fontaine, avant le bassin. Des amas pourrissants, feuilles, brindilles, déchets, franges terreuses, pétales fanés, ourlent son rebord arqué. Kaléidoscope vert blanc ocre brun noir. Nappes lisses, zones grumeleuses. Je suis hypnotisée.
Il regarde à nos pieds. Un ballon baudruche, échoué au pied de la balustrade. Marbré comme un papier, un peu dégonflé. Ses doigts se tendent… Trop loin.
Le canard s’est décidé à sortir la tête de l’eau. Il nage vers le rebord, se dresse sur ses pattes, regarde un peu autour de lui, et fait un brin de toilette. Son cou émeraude se penche délicatement et vient gratouiller le dessous de son jabot. Il règne sur la fontaine. Nous le laissons à ses ablutions.
Après avoir recueilli dans nos paumes quelques pétales tombés d’une jardinière, nous partons. Le lac, les voiliers nous attendent.
(balade au jardin du Luxembourg, juillet 2012)
