par angèle casanova

adieu à mon père

dimanche 29 avril 2012

Face à un être qui se meurt,
Face à son propre père qui se meurt...

Que dire ?
Que faire ?

Nous l’avons accompagné du mieux possible. Avec notre inexpérience, notre difficulté à faire la part des choses entre les sentiments filiaux et le devoir de l’accompagner, quoi qu’il nous en coûte en larmes rentrées, en faux airs boute-en-train.

Nous l’avons accompagné.
Ou plutôt, nous l’avons suivi, en courant à perdre haleine.
En courant après le temps qui filait, toujours plus vite que nous. Car, de diagnostic en diagnostic, nous en savions toujours plus, et toujours plus que notre père, qui gardait la foi, envers et contre tout. Jusqu’au jour où nous avons du lui dire tout ce que nous savions.

Là, il s’est arrêté un moment, et s’est révolté, de manière absolue, contre tout, contre rien, contre les infirmières. Contre nous. Son regard disait sa colère, sa douleur de devoir nous quitter, et son incompréhension aussi. Même la vue de son petit-fils lui devenait insupportable.

Il fermait les yeux.

Et puis il les a rouverts.

Et puis il les a gardés grand ouverts jusqu’au bout.

Les derniers temps, seuls ses yeux nous parlaient. Un langage nouveau, inconnu. Sans mots dire, sans même ciller, il nous parlait. Des heures durant. Calme, en paix. Déjà en partance.

Il nous a quittés en toute discrétion, alors que nous nous étions absentés un moment.

Il n’aimait pas déranger.

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