par angèle casanova

au carrefour. Pimodan / Barbusse

mercredi 4 juillet 2012

Le matin, je traverse la rue. Juste devant ce camion, garé tout au coin. Je joue un peu à la roulette, j’écoute, je tends la tête, je vérifie que la voie est libre, et très vite, je traverse.

Les jours passent, le camion reste. Il attire mon regard. De plus en plus. Je passe au large, au milieu de la chaussée, afin de mieux le voir.

Au carrefour. Pimodan / Barbusse.

Un camion ancien, en bon état. Une cabine, une plate-forme vide. Toujours vide. Transporte-t-il parfois des containers ? Coule-t-il une retraite, forcément paisible, au coin de cette rue ? Récitation interne de connaissances fraîchement acquises : en ville, un véhicule peut rester garé au même endroit au maximum sept jours d’affilée. Chaque jour, il m’agace, m’oblige à renouveler mon attention, la détourne.

Au carrefour. Pimodan / Barbusse.

Un camion blanc cassé. Des motifs étranges sont tracés sur les portières de sa cabine. Deux triangles rouges tête bêche, séparés latéralement par une droite bleue épaisse, qui se prolonge sur le devant de l’habitacle, longe le pare-brise, le traverse et vient jouer la symétrie sur l’autre portière, en compagnie de deux triangles jumeaux.

triangles / droite / oblique

carrefour / perpendiculaire / trajectoire piétonnière

Résistance géométrique. Quelque chose coince. Je dois encore réfléchir. Y retourner. Construire quelque chose. Encore. Et encore.

Au carrefour. Pimodan / Barbusse.

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