par angèle casanova

du temps qui passe, une recension des Vases communicants de février 2015, par Angèle Casanova

dimanche 8 février 2015



"Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la Loi."
Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, article X (Assemblée nationale, 1789). Source : Wikisource

"La liberté d’expression totale, illimitée, pour toute opinion quelle qu’elle soit, sans aucune restriction ni réserve, est un besoin absolu pour l’intelligence."
Simone Weil. L’enracinement (1943)


Le mercredi 7 janvier, un attentat était commis dans les locaux du journal Charlie hebdo. 12 personnes étaient tuées. Elles s’appelaient Frédéric Boisseau, Franck Brinsolaro, Cabu, Elsa Cayat, Charb, Honoré, Bernard Maris, Ahmed Merabet, Mustapha Ourrad, Michel Renaud, Tignous et Georges Wolinski.
Le jeudi 8 janvier, un attentat était commis à Montrouge, en pleine rue. 1 personne était tuée. Elle s’appelait Clarissa Jean-Philippe.
Le vendredi 9 janvier, un attentat était commis à l’Hypercacher de la porte de Vincennes. 4 personnes étaient tuées. Elles s’appelaient Philippe Braham, Yohan Cohen, Yohav Hattab et François-Michel Saada.
Le dimanche 11 janvier, avant de me rendre à la manifestation à Belfort, je publiais, la gorge serrée, la liste des Vases communicants de février 2015. Je proposais alors, sans avoir consulté personne, de dédier cette édition des Vases communicants aux victimes des attentats et de réaliser un méta-vase sur le sujet.
Le contre-sens d’une telle démarche, j’en ai eu l’intuition dès le début, mais le temps doit passer, parfois, pour confirmer les impressions. Il doit passer pour nous permettre de digérer les événements. Aujourd’hui donc, cette idée d’élaborer ensemble un méta-vase sur les attentats et la liberté d’expression ne me semble plus aussi bonne. Surtout si l’on ressent, comme moi, la nécessité impérieuse de maintenir ce principe de la liberté d’expression. Et qui dit liberté d’expression, dit liberté de ne pas être Charlie. Liberté de parler d’autre chose, du temps qui passe, des oiseaux dans le ciel.
Aussi, au fil du temps qui passait, je me suis dit que cette édition des vases serait un hommage d’autant plus vrai si elle s’évertuait à rester ce qu’elle est toujours. Un assemblage hétéroclite de projets variés, de duos esquissés le temps d’une danse, aux modalités toujours surprenantes.

Alors oui, les Vases communicants de février 2015 sont plus graves que d’habitude. La mort rôde dans le coin.
Mais oui, le vent de la liberté y souffle également.

Et je laisse le mot de la fin à Brigitte Célérier, dont j’ai attendu en vain la recension hier. Espérons qu’elle nous revienne le mois prochain... Elle me manque déjà.

"Ce vendredi 6 février pensais qu’il y a aujourd’hui un mois que l’horreur nous a tétanisés un moment, pensais que déjà nous avons laissé s’effacer l’union qui semblait être notre choix instinctif le dimanche (les officiels eux se réunissant contre le terrorisme - fort bien - et donc pour la surveillance généralisée selon leur pente naturelle), pensais que ce que - pas seule - j’avais redouté dès le début se passait, pensais qu’il est vraiment devenu difficile, sauf peut être pour quelques privilégiés dont je suis, de se refuser au conformisme des défenseurs de la libre-expression (encadrée), qu’il ne suffisait pas d’être horrifié par la barbarie des tueurs et en grande douleur pour les victimes, qu’il fallait obligatoirement en faire des modèles en tout, pensais que certains flicages nous promettent des fissures devenues gouffres, rageais, n’osais me sentir fraternelle puisque suis privilégiée..."
Brigitte Célérier. Ce vendredi 6 févrierPaumée (samedi 7 février 2015)


Note du 3 janvier 2017 : Les lectures ont été supprimées de cet article, mon quota maximal de lectures étant atteint sur Soundcloud. Veuillez m’en excuser.


Je suis Charlie Hebdo, par Giovanni Merloni @GiovanniMerloni (blog le portrait inconscient)


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François Bonneau et Dominique Giudicelli
"La question était de parler de ce mois de janvier passé, de parler de ces chocs, oui mais que reste-t-il à en dire, et comment ? J’ai proposé un lot de photos à Dominique, qui en a choisi une ; j’ai commencé un texte, elle l’a fini. Le plus simplement possible. Avec en tête, le présent et la suite." (François Bonneau)
"Il m’a proposé un lot d’images de bâtiments en destruction, j’en ai choisi une. Il a écrit le début d’un texte, j’ai écrit la suite. Travail à deux, tentative de réparation, suture des deux rives d’une plaie..." (Dominique Giudicelli)

Ruines, par François Bonneau @francoisbonneau (blog L’irrégulier) et Dominique Giudicelli @travauxetjours (blog Des Travaux et des Jours), accessible et
"Est-ce que l’on peut lier tous ces débris-vestiges ?
Est-ce que les plaies des ruines pourront se reboucher ?
" (François Bonneau)
"La béance au fond est noire,
Et en rouge et cendres, triomphe
Le présent aux dents d’acier.
" (Dominique Giudicelli)
François Bonneau commence, Dominique Giudicelli finit. A partir du cliché d’un bâtiment éventré, ce long poème prend la forme d’une réflexion languissante sur ce qui se joue au cœur de la destruction. Qui fait apparaître la structure. L’anatomie. Le sang. Ce qui devrait rester caché et se montre pourtant. Sans pudeur. Apparaît et persiste à apparaître. Là. Sous nos yeux. Quelque chose du temps qui suspend son cours, de l’horreur qui reste, nous traverse à la lecture de ce texte.


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Pierre Cohen-Hadria et Ana Nb
Un échange sous le signe du "voyage d’hiver".

du vent dans les cheveux, par Pierre Cohen-Hadria (blog Pendant le week-end)
"C’est un voyage d’hiver, qui emprunte des corridors tracés par une sorte de machine, pour regarder comment le monde vit à présent que j’en suis revenu, ici devant cette table alors que les enfants dans leur chambre, les portes fermées le long du couloir, dorment et rêvent, peut-être que l’hiver dehors neige et gèle, tandis que sur les images des avions, au sol, en été, verts et beiges, des avions d’armée de l’aéroport de Samouco, de l’autre côté du Tage, stationnent où retournent au hangar"
L’hiver venu, il est rentré de voyage, mais continue d’explorer le monde via google map, pendant que sa famille dort. A partir du cliché d’un aéroport portugais, d’avions de l’armée, son esprit vagabonde, l’emporte en un voyage dans le passé, le ramène au 25 avril 1974, à minuit quinze, à une chanson. Grândola, Vila Morena de Zeca Afonso.



"Le 25 avril 1974, à minuit quinze, cette chanson fut diffusée à la radio portugaise Radio Renascença et servit de signal pour commencer la révolution qui renversa le régime[réf. nécessaire]. Elle est ainsi associée à la Révolution des œillets et à la restauration de la démocratie au Portugal." (Wikipédia, article Grândola, Vila Morena)
Les temps ont changé, il a vieilli, mais cette chanson demeure, traverse le temps, sa vie, pour le ramener à ce qui compte aujourd’hui, le bonheur d’être ensemble.


et

on ne sait rien / le voyage commence là, par Ana Nb @anaN2B (blog Le jardin sauvage)
"tu veux un verre d’eau – j’ai un verre d’eau dans chaque main – ça commence comme ça - une histoire d’eau offerte - et puis une adresse – une adresse indéchiffrable"
Un long poème en prose, hypnotique, qui raconte les allers retours de Nancy à Hanovre, les voyages vers Ebi.
Qui est Ebi ? Un amour, un ami ?
Les soubresauts du train, qui "heurte coeur heurte corps heurte voix" rythment le voyage et drainent la pensée, l’emportent, entre deux refrains syncopés, dans des méandres réflexifs où il est question de sons, de musique, de voix. Le voyage remonte le temps, remonte le cours des choses, jusqu’au début. Là où il commence. Là où.
J’ai pris énormément de plaisir à me laisser porter, lors de ma lecture, par le style heurté d’Ana Nb, par ces bouts de phrases séparés par des tirets, qui permettent de jouer sur le sens, de partir dans des envolées expressives qui retombent aussitôt, pour se faire languides, faites de l’attente et de la frustration du voyage.


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Eric Dubois et Camille Philibert-Rossignol
Ils ont choisi de suivre le thème de la ville.

La douleur est muette, par Eric Dubois @EricDubois (blog Les Tribulations d’Eric Dubois)
"Hier est comme l’écho sourd d’un geste répété à l’envi
comme le miroir qui apprivoise les gestes
dans un quotidien feutré mais opaque
"
Ce long poème parle de douleur, des mots incapables d’en rendre compte, de la mémoire et du silence. De la cicatrisation des plaies, peut-être.


et

l’effritement du vide de son édifice, par Camille Philibert-Rossignol @Kmillephilibert (blog la pelle est au tractopelle ce qu’est la camomille à camille)
"SI VEINE la coupe. Et de ses lèvres viens.Tu ne délivres que la structure de ses évidées, espère pire.
L’a choisi de sauter de ligne infranchissable,
appréhender la texture de ce qui sera, pour,
pour sûr, tu dégradais la poussière de son édifice
branlant
de ce qui constituerait sa stature et la faisait se poser au centre du rond point, parmi les autres.
"
Un long poème à la langue opaque et belle. Le chaos surgit au cœur des mots qui ne parviennent plus à s’accorder et jaillissent, fougueux, comme revenus à l’état sauvage. Seul fil conducteur, le rer en banlieue sud.



Ce film silencieux, fait du montage de photographies prises dans différents lieux sur le trajet quotidien de Camille, montre une perte de repères, ou plutôt des repères pervertis, qui se suivent, se mélangent et recréent un réel fragmenté, discontinu, fait de 0 et de 1.
J’ai lu son texte comme on ferait couler du sable dans ses mains, sans chercher à rien saisir, en me laissant porter par sa langue. De temps en temps, un éclair de sens me faisait prendre une direction, très vite avortée, et je reprenais cette lecture à l’aveuglette, qui m’a épuisée et nettoyée en profondeur.


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Marianne Desroziers et Murièle Modély
Un échange autour d’une photographie de Francesca Woodman. Je ne connaissais pas cette photographe, merci à vous deux pour cette belle découverte, je vais je pense emprunter des livres sur son œuvre si étrange. La nudité, l’autoportrait, les serpents, associés au corps ou, ainsi que sur cette photographie, sortant de la bouche. Le lien entre corps, sexe, solitude, clairvoyance et secret. L’opacité d’un corps qui se donne là, sur l’image, tout en se refusant.

Roumaine, par Marianne Desroziers @MarianDesrozier (blog Marianne Desroziers)
"Cela ne change rien.
La liberté n’est pas pour tout de suite.
"
Marianne écrit, comme à son habitude, un court poème qui part de la photographie de Francesca Woodman et de lettres échangées avec Stéfana. Ce poème prend la forme d’un journal fictif, qui ramène Stéfana à Bucarest, en 1990, à la chute de Ceaucescu, à l’espoir et à la désillusion. Stéfana chante la liberté. Mais la liberté se dérobe. Jusqu’à l’exil.


et

tu vois ce qui se passe quand on parle trop, par Murièle Modély (blog L’oeil bande)
"tu vois ce qui se passe
quand on parle trop
les mots se perdent
te perdent
tu ne comprends plus la joue
sur laquelle ta phrase rebondit
tu ne comprends plus la bouche
qui écarte des jambes donne vie
"
Un long poème heurté, charnel, violent. Qui passe de sa bouche à elle, qui parle trop, selon lui, à la sienne à lui, grande ouverte, béante, qui dévore la nourriture et la dévore elle. Sans rien dire, elle le regarde. L’agonir. Elle observe sa bouche à lui mâcher. Déchiqueter. Violenter. Elle ne dit rien. Mais elle fait le lien entre bouche et sexe, bouche et liquides corporels. Ceux qu’on avale. Ceux qu’on reçoit dans son sexe. Ce sexe qui donne aussi la vie.
Vous l’aurez compris, j’ai beaucoup de mal à évoquer ce poème si riche et nuancé, dans sa violence. Je vous laisse le découvrir.


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Françoise Gérard et Eric Schulthess
"Sur nos cieux échangés, nous avons imaginé des mots. Haïkus lancés audelà des frontières. Quelques fleurs colorées disposées par chacun dans un même vase au-dessus de nos têtes. Elles se côtoient entre azur et nuages. À les lire et les réciter, personne ne saura qui les aura placées là, en majesté." (Françoise Gérard et Eric Schulthess)
J’ai demandé un complément d’information aux auteurs. Françoise m’a répondu ceci : "J’ai choisi des photos sur son site carnets de Marseille, rubrique Ciel, ces cieux et lui en a choisi sur mon deuxième site Regards, rubrique Regarder le ciel.
Nous avons ensuite écrit chacun séparément nos haïkus à partir des photos que nous avions choisies sur nos sites respectifs.
"
Je ne sais qui a écrit tel ou tel haïku. Le mystère demeure. Aussi, j’ai choisi de proposer une citation pour les deux compositions différentes réalisées par Françoise Gérard et Eric Schulthess. Si je cite deux fois les créations du même poète, j’espère que l’autre ne m’en voudra pas.
Leur échange semblait couler de source. Leur attention respective au ciel, à ses humeurs changeantes, ne pouvait que les rapprocher.
Je les imagine, rêvant leurs haïkus, puis les découpant sur de petits bouts de papier, les assemblant d’une façon, puis d’une autre, jusqu’à ce que l’ensemble corresponde, pour chacun, à ce qui leur semble au plus près de leur intériorité.
Le ciel d’ici appelle le ciel d’ailleurs. Les oiseaux vont le lien. Les textes se lisent d’un côté, se lisent de l’autre, toujours différents, toujours semblables. Ailes d’oiseaux emportées par le vent.

Regarder le ciel, par Françoise Gérard @leventquisouffl (blog Le vent qui souffle)
"Nuage
île du ciel
clin d’œil
"


et

Regarder le ciel, par Eric Schulthess @ESchulthess (blog CarnetDeMarseille)
"oiseau funambule
entre ciel et terre
comme un point d’intersection
"


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Marie-Christine Grimard et Dominique Hasselmann
Un échange de photographies, autour du thème "Arborescences".

Arborescences [1/2], par Marie-Christine Grimard @GrimardC (blog Promenades en Ailleurs)
"Un baobab passe devant mes yeux, exhibant ses branches dénudées. Il traverse la ville dans l’indifférence générale. Ses congénères enluminés de la place du marché le regardent passer, un peu condescendants."
A partir d’une photographie de Dominique Hasselmann, Marie-Christine Grimard tisse un petit récit urbain frisant le fantastique. Un logo sur un camion en forme de baobab, et elle rêve aux racines où ce baobab puise sa force, voyage par la pensée en Afrique et, ce faisant, manque de se faire écraser en traversant la rue. Un texte fait de rencontres, incongrues, amusantes, qui révèlent une foi dans notre capacité à provoquer les choses, une foi dans la destinée peut-être. Un destinée qui prend la forme d’un jeune garçon malicieux, mi artiste mi brigand.


et

Arborescences [2/2], par Dominique Hasselmann @dhasselmann (blog Métronomiques)
"Le ciel est encadré par les immeubles qui semblent vouloir se toucher d’un bord à l’autre. Une feuille navigue dans l’air et atterrit sur une marche comme un oiseau mort."
A partir d’une photographie de Marie-Christine Grimard, un arbre fait voyager Dominique de Paris à Lyon, du Sacré-Coeur à Fourvière. Dans une langue limpide, qui coule comme une rivière tranquille de mes lèvres, il évoque la Croix-Rousse, les traboules, les deux fleuves, les filles, et finit sur l’amour et la musique... Géométrie de la ville, courants qui s’y affrontent, le présent, le passé, la guerre, se mêlent dans cette rêverie partie d’un arbre les pieds dans l’eau.


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Danielle Masson et François Vinsot
Un échange autour des attentats de janvier 2015.

@ la vitesse de la lumière, par Danielle Masson (blog Jetons l’encre à Saint Maximin la Sainte Baume…)
"Un silence de plomb, une chape de béton, il se passe quelque chose. La mort rode. Les fourchettes restent en l’air plus de temps que le temps normal pour aller de l’assiette à la bouche."
Le mercredi 7 janvier, à l’heure du déjeuner. La nouvelle tombe. Comment la gérer ? Mimer sa vie, faire comme s’il ne s’était rien passé ? Céder à l’angoisse comme une digue se rompt ? Les mots "attentat" et "mort" courent d’une personne à l’autre à une vitesse vertigineuse, reviennent dans toutes les bouches. Les gens en sont réduits à l’état de pantins désarticulés, répétant les mêmes mots.
Faire toucher du doigt ce que l’on ressent quand on est en état de choc, voilà l’enjeu de ce texte, qu’il me fut très difficile de lire à voix haute.


et

Écrits à chaud, par François Vinsot @francoisVinsot (blog francoisvinsot)
"Si je savais dessiner
Je ne sais pas ce que je dessinerais
Peut-être que je déciderais de ne pas dessiner
et de regarder la feuille blanche
et puis le dessin viendrait me tendre la main
avec le crayon
et alors on verrait bien
mais je ne sais pas dessiner
alors la question ne se pose pas
"
Un journal au long cours, qui couvre pourtant une période très courte, puisque François le commence le 7 janvier et le finit le 12. Il le voit passer par toutes les émotions, de la douleur à la colère, en passant par la révolte. Le journal d’une réception qui doit non seulement être publiée pour sa beauté, mais pour son intérêt anthropologique.
Chaque jour, plusieurs fois par jour les 9 et 10 janvier, François revient à l’écriture, qui se fait impérieuse. Il doit écrire, puisqu’il ne sait pas dessiner. Il doit dire sa colère. Son angoisse. Le vacillement qu’il ressent au cœur-même de ce qui le constitue. Sa foi en l’humanité. Dessine-moi un mouton. C’est la liberté de le dessiner, ce mouton, comme bon nous semble, qui est en danger. C’est la création, dans tout ce qu’elle a de spontané, d’enfantin, et puis d’infiniment responsable et impliqué socialement, que ces attentats mettent en péril. François veut y croire. Il pleure les morts, il gémit sur cette liberté en déroute. Mais continue d’espérer. Il se bat contre les autres. Il se bat contre lui-même. Et en cela, il est infiniment humain.


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Franck Queyraud et Olivier Savignat
Offrir à l’autre un texte et des photographies, et partir du thème du labyrinthe.

Je suis un simple d’esprit…, par Franck Queyraud @MemoireSilence (blog Flânerie quotidienne)
"L’éternité, merde à elle. Je préfèrerai toujours la mère qui va vers son soleil. Saigneurs qui êtes au cieux, restez-y avec vos hordes de sbires."
Un court texte rageur qui se dresse contre le pouvoir des religions et parle de la seule foi qui compte aux yeux de Franck, l’amour. L’amour de sa mère, de son père. L’amour. Comme seul rempart face à tous les dogmes, les fanatismes. Être un simple d’esprit, avoir un esprit simple, guidé par l’amour, voilà une belle profession de foi, élaborée dans la douleur et le choc.


et

Les ruines du levant jonchent les allées, par Olivier Savignat @oliviersavignat (blog Sous mes doigts la pluie)
"Les ruines du levant jonchent les allées
nos pensées pêle-mêle
se sont figées et obstruent l’horizon
aucun moyen de sortir des marécages
"
Brigitte Célérier ne réalisant pas de recension ce mois-ci, j’outrepasse ma résolution de réserve pour vous parler brièvement du poème d’Olivier. Il y explore toutes ses obsessions. Les faux-semblants, les lueurs de fin du monde, la vie qui s’acharne, exprimés dans une langue tendrement violente, estompée comme un pastel rouge sang.


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Alice Scaliger et Wana Toctouillou
intro

Il n’y a pas d’image à faire figurer, par Alice Scaliger (blog Carnet d’Alice)
"Nous ne voulons pas fuir car nous sommes les clous."
Ce sont les mots qui parlent. Qui enfoncent le clou. Celui de la liberté d’expression. Clous, ils le sont. Ils s’opposent, dans leur richesse, à l’univocité de le pensée, à tous les dogmes. Alice est en colère. Alice écrit. Enfonce sa profession de foi à coups de mots. Accompagnée du chant de Damien Saez, Les anarchitectures.



et

Quand et comment être Charlie, par Wana Toctouillou @Wanatoctouillou (blog Emaux et gemmes des mots que j’aime)
"En ayant été Charlie, on ne se doute pas que les kalachnikov ne font pas que dormir."
Wana Toctouillou conjugue être Charlie à tous les temps, et dit qui il est en disant qu’il est Charlie. A tous les temps. Se faisant, il parle de sa vie. Revient sur ce qu’il fut, sur ce qu’il est, sur ce qu’il sera. Ce texte précis, chirurgical, dresse donc le bilan d’une vie, sous le prisme de Charlie Hebdo et de la défense des valeurs que ce journal incarne.


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Sébastien de Cornuaud-Marcheteau et Angèle Casanova
intro

Relativité, par Sébastien de Cornuaud-Marcheteau @labyrinthiques (blog Labyrinthiques)
"Il y a une route. Il y a une ligne qui longe la route, une ligne blanche continue. Infinie sans doute. A droite un espace où l’arrêt d’urgence est encore possible. Peut-être même, souhaitable."
Longer une route. Osciller autour d’une ligne blanche continue, qui change progressivement de nature, au gré de répétitions, d’enrichissements, de déviations. Jouer des formes géométriques, de leur résonance philosophique. Évoquer, métaphoriquement, l’existence, ses errances, entre deux. Où est le sens ? Quelle direction suivre ? Pour aller où ?


et

in the middle, par Angèle Casanova @PoivertGBF (blog gadins et bouts de ficelles)
"j’y arriverai
même si je dois perdre
dans la manœuvre
tout mon sang
en longues traînées
sales
sur l’asphalte
"


Merci à Giovanni Merloni d’avoir autorisé la diffusion et la mise en avant comme symbole de la recension de février 2015 de son tableau Je suis Charlie.

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