par angèle casanova

voyage au bout de ma nuit

dimanche 8 décembre 2013

Je prends l’autoroute. Direction. Tout droit. J’appuie sur l’accélérateur. La vitesse me décolle le cerveau. L’aère. Le fait respirer. Mon champ d’action s’élargit. La nuit me tombe dessus comme une chappe de plomb. Ici. Elle est noire. Sans tache. Profonde. Aucune lueur rose à l’horizon. Mes seuls repères. Les phares des voitures. Les silhouettes grises des carrosseries. Droit devant. La lune. Un quartier bas. Comme un hamac. Une balancelle. Enorme. Jaune. Morcelée pourtant. Droit devant. Au-dessus de la route. Je la regarde en conduisant. La nuit. La lune. Mes mains sur le volant. Détendues. Calmes. Apaisées. Alors, je la suis. A toute berzingue. Je la suis. Sur cent kilomètres. Je ne sais pas où je vais. Je m’en fiche. Seul le chemin compte. Quand la fatigue se fera sentir, je m’arrêterai sur une aire. Et je ferai demi-tour à la première bretelle venue. En attendant, je me laisse griser. Par cette sensation. La musique. La lune. Je ne suis plus vraiment là. Je me fonds dans le décor. Seuls mes yeux continuent. Ils continuent. Et ils me guident. Vers elle. La lune. De guingois. Que je suis. Jusqu’au bout de ma nuit.

***

Je suis rentrée chez moi. Fourbue. Mais satisfaite. Pleine de ce voyage. J’ai dormi comme une masse. Et le lendemain matin. Lorsque j’ai regardé par la fenêtre de ma cuisine. Et que j’ai vu cette lumière. Spéciale. J’ai eu l’envie furieuse. D’y retourner. Sur la route. A la poursuite. De quoi. De moi peut-être. Alors. Je suis partie. Tout simplement.

***

Je tourne au coin de ma rue. Le soleil me fait plisser les yeux. J’ai envie de les fermer. De me laisser glisser le long de cette rue. A l’aveuglette. Le soleil me réchauffe la peau. En réponse, mon corps se met. A irradier. La chaleur. La vie. J’ai l’impression, peu à peu, de renvoyer la lumière que j’accueille. Comme une lampe solaire. Mon corps devient phosphorescent. Mes vêtements disparaissent. Dans une nuée. Je suis nue. Irradiante. Au volant. De ma voiture. En plein midi. Et je souris. A la lune invisible. Au soleil qui me nourrit. A tout. A rien. A ma joie revenue.

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