oeuf mimosa
lundi 21 octobre 2013
Elle est allongée dans la pénombre. Le jour se lève. Toute la nuit, elle s’est agitée, retournée d’un côté de l’autre sans trouver le sommeil. Les pensées ont du mal à trouver leur chemin jusqu’à sa conscience. Elle regarde le plafond un moment. Au fur et à mesure, le chaos qui l’habite refait surface. Son corps ne bouge plus, ses neurones ont pris le relais. Elle fixe le plafond et elle réfléchit. A ce que cela signifie. D’être telle qu’elle est. Sable mouvant, inconsistance, curiosité infatigable. Rien de sûr. Rien de simple. La faim inextinguible. Sa bouche qui explore, qui cherche, sans jamais trouver, le goût recherché. Celui qui la rassasiera.
Un œuf mimosa. Voilà ce qu’elle est. Un œuf qu’un cuisinier a fait bouillir, écaillé, mis au frigo et soigneusement vidé de sa substance. Riche, douce, somptueuse. Ecrasée à la fourchette, délayée dans la mayonnaise, malaxée, lissée. Réinsérée dans l’œuf. Ni vu ni connu. Le vide, réoccupé. Différemment. Vide toujours. Mais semblant plein. Identique au toucher. Plus lourd cependant. Un œuf mimosa. Qui pourrait le savoir, qu’elle est un œuf mimosa. Elle a l’air blanc, brillant, appétissant. Elle a bon goût. Mais pas celui escompté. Jamais. Elle est toujours autre chose que ce qu’elle semble être. Plus. Moins. Différente. Comment savoir. Jamais entièrement là. Toujours vacante. Ailleurs.
Le jour se lève. Où aller. Aucune promesse ne s’offre à elle. Pourtant, elle le sait. Elle doit continuer à chercher. Même si elle doit en crever. Alors, elle soulève un pied doucement. Le drap glisse sur sa jambe, la caresse au passage. Elle bascule en avant, touche terre. Front baissé, elle se dresse. Le regard lourd. Entre ses dents serrées, elle murmure. Ladies gentlemen let’s play.