par angèle casanova

voir rouge

vendredi 22 novembre 2013


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Je ne sais pas trier. Les papiers s’entassent. Se perdent. Et pourtant. Quand j’emménage quelque part, je prévois toujours un coin. Pour lire. Pour écrire. Je le mets en scène. Mais quand il s’agit de l’utiliser, plus personne.

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Je m’installe n’importe où. Plutôt que dans mon nid douillet. Je l’étouffe sous les paperasses. Je me perds en route. Alors seulement, j’écris. Mon ordinateur sur les genoux. Sur une table parfois.

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Nomade par cycles, je bouge d’un coup et puis plus du tout. Je m’échine à l’ascèse d’une vie répétée quotidiennement dans ce qu’elle a de plus banal. Un livre. Un lieu où lire où écrire. Toujours le même. Pourquoi changer. Ici ou ailleurs je vois, je sens, je vis.

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Alors je quitte le café, le bus, le canapé. Je suis ailleurs. En mon oloé. Là où mes mots surgissent du néant. S’ébrouent cavalent ruent. Là où ils rentrent dans ceux des autres en un maelström étourdissant. Mots des autres mots de moi s’y télescopent.

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Toute doigts. Dextérité de pianiste sur le clavier. Qui oublie qu’elle pense en tapant. Qui pense par ses doigts. Seulement. Le contact du clavier. La rugosité des lettres dessinées. Ma vie se concentre sur ces instants.

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Les mots sortent d’eux-mêmes. En un chapelet heurté. Je les regarde. Sourdre. De là. De ce clavier. Ce non-lieu. Qui est la source. De tout. Pour moi.

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La lecture fait le vide en moi. Je m’y noie. Je lis tout le temps. Je lis partout. Nulle part. En marchant. En pensant. En buvant. Egoïste. Sereine. Repliée. Comme un origami.

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Mes oloé ne sont pas fenêtres open space. Ils sont porte close. Cocon. Ventre maternel. Je n’aime pas les terrasses de café. J’ai besoin de la banquette. La plus profonde possible. Pour être bien. Pour avoir envie. De sortir mon livre.

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La perte est ma source. Celle à laquelle je bois. Celle qui me boit. Me noie. M’emporte. Me fait naître. Différente. Perdue. Nouvelle. Sans repère. Sans identité. Mais là. Pleinement.

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Mes mots baignent dans le liquide amniotique. Ils transpirent le manque. Le deuil. Il faudrait que je grandisse. Demain peut-être. En attendant, mon enfance, oloé primordial, me taraude.

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Et puis. Le sang. Le sang partout. C’est là. Que tout a commencé. Le déclic. L’écriture. Le sang partout. Dans la voiture. Où elle est morte. Où j’ai su. Comment écrire. Ca. Le sang. Partout.

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Alors écrire. Sur le blog. Derrière l’écran, inventer des histoires sombres très sombres. Comme une litanie. Comme une dent qu’on arrache. Peu à peu. En tournant. Se tourmenter. Pour rire.

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Voir rouge. Toujours. Rester dans le noir. Et se souvenir du rouge. Trace indélébile sur la rétine. Et écrire à partir de là. Un chemin se dessine. Pavé de tristesse et de deuil. Beau malgré tout.

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La nuit au volant je laisse mon esprit vagabonder. Les feux rouges me ramènent à la source. A ce qui nourrit mon écriture. Les idées me traversent comme un torrent. J’en saisis des bribes du bout des doigts. Comme je peux.

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Lorsque je rentre chez moi, je m’installe devant mon ordinateur et j’écris. La nuit toujours au fond des yeux. J’écris. Jusqu’à ce que tout soit sorti de moi. Que la source soit tarie de nouveau.

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Au cœur de ma nuit, je rêve. Que le jour se lève pour moi. Qu’un autre oloé se dessine. Lumineux. Pâle. Blafard. Un banc dans un jardin. Le chant d’un oiseau matinal.

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Car pour l’heure, la nature m’ennuie. Et le soleil brûle mes yeux de vouivre. Ils espèrent le noir. Les lumières des réverbères. Le rythme de leur pulsation le long de l’autoroute. Les phares des voitures qui m’hypnotisent comme autant de planètes.

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Ils espèrent le sommeil. Alors, je rentre vite. Pour que la journée s’achève. Pour que je retrouve la chaleur de mon lit. Et la douceur de mon oreiller. Que mes yeux se ferment. Que ma pensée s’évade. Trouve des connections.

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De nouvelles façons d’exprimer ce cri. Cette révolte. Justice. Pour tous. Alors je dors. En mon oloé. Sur le ventre. Les mains repliées comme des ailes au repos. Rêvant dix rêves à la minute.

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Oloé réel. Oloé rêvé. Oloé situé. Oloé symbole. Lieux élastiques où lire où écrire, ils dessinent une géographie toute personnelle. Impalpable. Qui structure le monde à mon image. En noir. En rouge. En gris.


Angèle Casanova (texte et photographies)


Ce pecha kucha est dédié à l’absente aux Oloé.

Ce pecha kucha est dédié à celle qui va déménager, à celle qui a oublié et à celui pour qui on ne respire pas qu’aux points... Merci pour votre aide précieuse.

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Pour lire les contributions des autres participants :
Jean-Yves Fick, pechakucha // médiathèque Malraux (lecture du 22/11/2013) http://gammalphabets.org/2013/12/07/pechakucha-mediatheque-malraux/
François Matton, Trouver un refuge http://francois-matton.over-blog.com/2013/11/trouver-un-refuge.html
Pierre Ménard, Interventions à la Haute École des Arts du Rhin et à la médiathèque Malraux de Strasbourg http://www.liminaire.fr/livre-lecture/article/ou-lire-ou-ecrire
Cécile Portier, blog petite racine http://www.petiteracine.net/wordpress

Programme de l’inauguration : http://lappliblog.wordpress.com/cest-quoi/inauguration-programme/

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